Episode 9 – Jean Hitte
Jean HITTE -9 mai 1915
Jean HITTE a été appelé et incorporé le 7 octobre 1909 au 88eRI cantonné à Mirande dans le Gers. Envoyé dans la disponibilité le 24 septembre 1911 avec certificat de bonne conduite.
Rappelé à la mobilisation générale et arrivé au corps le 3 août 1914. Selon les registres militaires Jean HITTE est décédé le 9 mai 1915 à Roclincourt dans l’Artois. (Blessures de guerre)
Cette journée fut pour le 88e RI d’Auch-Mirande, l’équivalent du 25 janvier 1915 pour le 18eRI de Pau. Ce jour là, le colonel (commandant le régiment), 32 officiers et 1099 sous-officiers et soldats furent tués ou hors de combat.
Biographie
La biographie de Jean HITTE est difficile à reconstituer.
Jean HITTE est né le 31 août 1888 à Sainte Suzanne, maison Despagnou de Pierre HITTE et de Julie (ou Jeanne) DESDEBES. Pierre est né vers 1848, Julie vers 1860… Les date et lieu de mariage n’ont pas été trouvés.
Le couple a changé de résidence: Argagnon où sont nés 2 enfants, Sainte Suzanne où est né Jean, Hagétaubin ( lieu de résidence noté dès 1903 lors du conseil de révision du frère de Jean.)
Hypothèse: les HITTE étaient métayers ou artisans…
3 enfants trouvés à ce jour: Mathieu (a fait la guerre, Livret militaire trouvé) et Jeanne nés en 1883 et 1885 à Argagnon, Jean en 1888.
Problématiques: dans quelle maison résidaient les Hitte ? Pourquoi? Autres enfants ? le frère Mathieu: vivait à Bordeaux, décédé le 29 juin 1926 à Caudéran. Mariage, descendance ?
Jean HITTE a été appelé et incorporé le 7 octobre 1909 au 88eRI cantonné à Mirande dans le Gers. Envoyé dans la disponibilité le 24 septembre 1911 avec certificat de bonne conduite.
Rappelé à la mobilisation générale et arrivé au corps le 3 août 1914.
Contexte et circonstances de la mort
Selon les registres militaires Jean HITTE est décédé le 9 mai 1915 à Roclincourt dans l’Artois. (Blessures de guerre). Avis ministériel du 17 juin 1915.
La somme de 150 francs a été payée à titre de secours le 31 août 1915 à Mr HITTE, père du décédé, résidant à Hagétaubin.
Il est décédé lors de l’offensive en Artois, en mai 1915. Source: tableaudhonneur.free.fr/88eRI
Cette journée fut pour le 88e RI d’Auch-Mirande, l’équivalent du 25 janvier 1915 pour le 18eRI de Pau. Ce jour là, le colonel (commandant le régiment), 32 officiers et 1099 sous-officiers et soldats furent tués ou hors de combat.
Avant-propos de l’historique du 88e Régiment d’infanterie, écrit au lendemain de la guerre.
Le style d’écriture y est évidemment emphatique et illustre, en partie (…) l’état d’esprit de l’époque.
“Enlevés à leur vie laborieuse et paisible par le coup de tonnerre de la Mobilisation, les réservistes du 88e , Gascons, Ariègeois, Montagnards, Béarnais — très crânes et résolus dans l’émoi de leurs familles — ont rejoint à AUCH et à MIRANDE, leurs camarades des trois dernières classes. Ils sont arrivés gaiement, heureux de se revoir comme pour les manœuvres annuelles. Si aucun d’eux n’a suivi de bien près les derniers conflits diplomatiques, tous ont senti depuis longtemps qu’une grande crise était proche. A l’école et à la caserne, à la campagne, à l’atelier, en voyage, ils ont écouté les propos des personnes informées ; ils ont lu les journaux. Ils n’ont peut-être pas saisi l’importance de la question Marocaine, des rivalités austro-russe, balkaniques et orientales, mais tous savent que la FRANCE, depuis quarante-cinq ans est en posture de vaincue et qu’en maintes circonstances elle a été humiliée. Ils savent que I’ALSACE et la LORRAINE sont des terres françaises, que soixante- dix millions d’allemands paysans et hobereaux, commerçants et professeurs, soldats et ouvriers, unis par le même rêve de domination universelle, par les mêmes désirs de rapine et de vol, envient nos trésors artistiques, nos belles cathédrales, nos gisements miniers, nos colonies, nos usines, nos campagnes prospères. Ils savent que depuis 1870 l’Etat-Major Impérial patiemment, obstinément, avec des moyens militaires formidables, toujours accrus, prépare une nouvelle et irrésistible ruée, et qu’il faut aujourd’hui se défendre ou mourir. Or, ils ne veulent pas que la FRANCE meure. Et pour qu’elle vive, agrandie et glorieuse, ils se battront jusqu’à la mort.”
ROCLINCOURT. — 9 Mai. — Journée sanglante et héroïque qui assurera à jamais la gloire du 88e .
Voici les faits dans leur sublime nudité.
“Le régiment doit participer à la grande offensive d’Artois. En liaison à gauche avec des troupes du corps d’armée, à droite avec des troupes d’un autre corps, il a pour objectif une partie des tranchées allemandes au nord-est de Roclincourt, au bas des pentes de Thélus. Cette partie des tranchées est encadrée par deux carrefours, deux noeuds de routes, en triangle, aux abords desquels de très puissants ouvrages allemands sont établis. Les tranchées allemandes sont à trois cents mètres environ.
Les 1er et 3e bataillons, accolés, sont en place pour l’attaque — 1 er à droite, 3e à gauche — le 2 e bataillon est en soutien immédiat. Les soldats ont confiance ; le moral de tous est très élevé ; on leur a donné lecture d’un ordre éloquent et énergique du colonel MAHEAS; ils se souviennent de la prise de Perthes et de la tranchée Brune.
A 10 heures, le signal du départ est donné. La musique joue la Marseillaise. Il fait un temps radieux. La première vague sort tout entière, d’un seul élan au cri de : « Vive la France ! ». Elle parcourt cinquante mètres. Soudain, feu violent de fusils et de mitrailleuses. Les mitrailleuses qui se dévoilent sont à droite et à gauche, dans les triangles de route. Elles croisent leur tir. 17 La vague ne s’arrête pas, mais des fractions entières tournoient et tombent. Bien peu parviennent au but. Seuls, vers la gauche, quelques essaims profitant d’une brèche sautent dans la tranchée ennemie. Ils devaient s’y maintenir jusqu’au soir et y faire même quelques prisonniers.
Le colonel MAHEAS qui, dans la parallèle même a donné l’ordre de départ, tombe, tué par un obus. A 10 heures 4 minutes, la deuxième vague, les deuxièmes pelotons s’élancent à leur tour. Pas un homme n’est resté en arrière.
Le feu de l’ennemi redouble, formidable. Au tir de mousqueterie et de mitrailleuses des premières lignes s’ajoutent cette fois de violentes rafales parties d’une troisième ligne sur la hauteur. Les petites colonnes d’assaut pour la plupart sont fauchées. Quelques-unes cependant, en tout une centaine d’hommes, passent dans le barrage de feux et sautent dans la tranchée allemande. Des isolés, loin des brèches, entraînés par leur élan, vont de l’avant quand même, jusqu’à ce qu’ils tombent… D’autres se couchent, et en rampant tentent de rejoindre nos lignes. Beaucoup restent sur place aplatis sur le sol qu’ils creusent avec leurs outils et leurs mains pour se faire un léger masque, ils ne devaient rentrer que dans la nuit.
A 10 heures 6 minutes, le bataillon de soutien succède dans la parallèle aux bataillons partis à l’assaut et s’apprête à partir lui-même. Cette attaque nouvelle est enrayée à peu près aussitôt qu’elle est déclenchée. Et le feu de l’ennemi, d’ailleurs, ne cesse pas. Les allemands tirent sur les blessés qui cherchent à s’enfuir.
Le soir, il faut attaquer de nouveau. Coûte que coûte, il faut maintenir les effectifs qui nous font face et appuyer ainsi l’avance victorieuse des Corps à notre gauche. A 16 heures, nouvel assaut des soldats du 88e avec le même esprit de discipline, d’héroïsme et de sacrifice. Des hommes qui sont montés à l’assaut le matin et ont échappé à la mort repartent de nouveau. Cette fois, c’est à quelques mètres de nos parapets qu’ils sont arrêtés par le même tir précis de mitrailleuses. Peu après, l’attaque est suspendue, puis arrêtée, par ordre.
Nos pertes furent très lourdes, mais non loin de nous, grâce à nous, diront quelques jours plus tard nos généraux, le 33e corps réalisait une très importante et victorieuse avance. On apprenait le soir même, par des prisonniers, que sur son point d’attaque, le 88e avait devant lui quatre régiments d’infanterie et vingt sections de mitrailleuses ; que les allemands avaient placé cinq de ces sections dans le triangle de gauche et qu’en arrière de ces troupes il y avait huit batteries d’artillerie. Quelques jours après, dans une relation des batailles d’Artois publiée dans le Berliner Tagblatt, le journal allemand rendait hommage à notre héroïsme et à la vigueur de l’attaque partie de ROCLINCOURT.
Au cours de cette journée tragique, tous, chefs et soldats, ont rivalisé de bravoure. Le colonel meurt au moment où il vient de donner le signal de départ et de faire sonner la charge. Quelques jours plus tard, le général commandant le corps d’armée saluait l’indomptable courage de ce chef qui, si souvent — invulnérable— a bravé, en avant de tous, les obus et les balles…”
S’en suit de nombreuses relations de faits héroïques et de citations d’officiers et soldats s’étant distingué…
Autre témoignage: voir Source: Roclincourt, le 9 mai 1915: la journée noire des Gersois. www.cndp.fr> ebook-gers-1914-1918> les _tranchées_4
“En une journée le 88e perd un tiers de ses effectifs…“
L’assaut du 9 mai 1915 bu par un témoin
Ce monument fut érigé en 1953 sur le parvis de l’église de Roclincourt, à la mémoire des soldats des 88e et 288e RI.
Le maître d’ouvrage en est l’Amicale des Anciens des 88e et 288e RI