Feuilleton Historique- Episode 3 – Pierre MEYLOU

Pierre MEYLOU – 8 septembre 1914

La sépulture de Pierre Meylou, décédé lors de la bataille de Vitry (bataille de la Marne) est une tombe individuelle dans la Nécropole nationale de Vitry le François (Marne)

Biographie

Insigne 83e Régiment d’Infanterie
basé à Toulouse et Saint Gaudens

Pierre MEYLOU est né à 10 heures du soir le 2 avril 1888, dans la maison Hargouet, (Localisée sur le  cadastre Napoléon, en face de la maison Paris, espace occupé actuellement par des noisetiers…), mais qui  n’existe plus,

 Il est le fils de Bernard Meylou, né le 6 septembre 1859, maison Courren (Localisée sur cadastre Napoléon) et de Marie Claverie née le 05/01/1863 à Hargouet. Ils se sont mariés le 7 septembre 1886.

Outre Pierre, ils eurent 2 autres enfants, Paul, né le 14 mai 1791, décédé 2 mois plus tard, le 14 juillet et un autre Paul, né le 27 août 1893. Les archives ne permettent pas de savoir s’il y a eu d’autres enfants …

Pierre a effectué son service militaire, au 83e Régiment d’Infanterie (Voir ci-dessous, un bref article sur le 83e RI) du 6 octobre 1909 au 21 septembre 1911. Il avait le matricule 531 au recrutement. Envoyé dans la disponibilité, un certificat de bonne conduite lui a été accordé.

Il  s’est marié le 8 janvier 1914 avec Lucie NAURY , donc 8 mois avant son décès…

Selon son livret de recrutement militaire, il est rappelé par la mobilisation générale du 2 août et est  arrivé au corps le 3 (83e Régiment d’Infanterie).

Nécropole nationale de Vitry le François

Décédé- tué à l’ennemi- le 7 ou 8 septembre 1914 selon l’avis du Ministre de la guerre du 18 octobre 1914. Blessé mortellement à la Certine (Aube). L’agent vulnérant est inconnu.

 Sa dépouille a été transférée au cimetière militaire de Sompuis (12ème rangée, 6ème carré) le 3 juin 1920. NDRL: Le cimetière militaire de Sompuis a existé de 1920 à 1923; des arbres sont planté à cet endroit. Les sépultures de Sompuis ont été ensuite transférées à la Nécropole nationale  de Vitry le François dans la Marne.

La somme de 150 francs a été payée à titre de secours le 9 février 1915, à Mme Meylou, née Naury , domiciliée à Hagétaubin, veuve du décédé.

Le 83ième Régiment d’Infanterie

  Le 83e RI fait partie de la IVe armée commandée par Langle de Cary

  • du 17e Corps d’Armée (Toulouse) commandé par le général Dumas
  • de la 34e division commandée par le général Alby

            Voir sa localisation lors de la bataille de la Marne sur la carte ci-dessous

Cet  extrait de l’historique du 83e RI (Source: tableaudhonneur.free.fr>83eRI) décrit avec verve la composition de ce régiment d’infanterie.

83ième Régiment d’infanterie

“A la mobilisation, le 83me Régiment d’Infanterie était stationné partie à Toulouse, partie à Saint-Gaudens. Il avait été recruté parmi des Basques au corps bien râblé, à l’idiome étranger, aux yeux mobiles, des Landais nés dans les forêts odorantes, des montagnards Pyrénéens secs et bruns dont la peau hâlée se tend lisse sur les os qui saillent, des Toulousains gouailleurs et des paysans heureux de vivre, venus des riches plaines de la Garonne. Bruyant et vif, faisant résonner à tous les échos Beth céu de Pau et la Toulousaine, ce régiment offrait une physionomie riante, reflet de la belle humeur légendaire des gens de Gascogne et sous cette gaité franche, expansive, de bon aloi, il conservait intactes des vertus guerrières de premier ordre que la tradition avait déjà consacrées. Ardent comme l’avaient été les partisans de Montluc, énergique comme Lahire, cet intrépide compagnon que le Midi donna à Jeanne de Lorrraine, bouillant comme on l’est dans un pays où le soleil mûrit le raisin, le 83me Régiment d’Infanterie, dans ses garnisons, à Saint-Gaudens, au pied des montagnes, dont les cimes, frontières inviolables, apparaissent neigeuses et blanches ; à Toulouse, cité d’où rayonnent l’intelligence et les arts, — attendait impatient que l’ordre lui arrive de courir sus aux Boches. “

Circonstances et contexte de sa mort

Bataille de Vitry au cours de laquelle Pierre MEYLOU est décédé

La bataille de la Marne intervient dans un contexte marqué par la progression de l’armée allemande qui, après avoir envahi la Belgique en août (bataille de Charleroi des 21-23 août 1914, voir article sur Jean Lucien FEUGAS), débouche sur les plaines du nord de la France. Le 1er septembre, les Allemands sont à Senlis, le 2, dans les faubourgs de Meaux, soit à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Face à cette menace, 500 000 à 700 000 Parisiens se retrouvent sur les routes pour fuir l’avancée allemande dont les actes de violence commis par certains soldats sont connus des populations civiles.

Le contexte politique est tout aussi troublé puisque le 2 septembre, le gouvernement français se réfugie à Bordeaux. La défense de la capitale est confiée au général Gallieni, nommé gouverneur militaire de Paris

Le déclenchement de la bataille de la Marne a lieu le 6 septembre 1914.  À l’origine de cette bataille, il y a la décision du général von Kluck, commandant l’aile droite de l’armée allemande, d’obliquer vers le sud-est en évitant Paris. Il espère ainsi fermer la retraite aux forces françaises qui rentrent de l’Est. Cette manœuvre, observée par l’aviation britannique, a pour effet de présenter le flanc droit de l’armée allemande aux armées françaises. Le 6, elles se lancent dans une contre-offensive. C’est le début de la bataille de la Marne qui se poursuit jusqu’au 9 septembre.

Carte générale Bataille de la Marne Source: site Sambre-Marne-Yser.be

La bataille de la Marne se subdivise en cinq batailles plus restreintes, de l’ouest vers l’est :

Pierre MEYLOU est mort le 7 ou 8 septembre (les 2 journées sont indiquées sur son registre de recrutement).   

Ci-dessous un extrait de l’historique du 83e Régiment d’Infanterie (Source citée ci-dessus). Il concerne les journées où Pierre MEYLOU a trouvé la mort. Réalisé peu de temps après la fin de la guerre, le style y est un peu emphatique, présentant les faits comme une épopée héroïque, mais les événements relatés, ces 7 et 8 septembre laissent imaginer l’importance des pertes humaines.

“Cependant, l’ennemi, poussant ses lourdes masses dans le nord et dans l’est, menace d’investir Paris.

 Un mot d’ordre est donné par le Généralissime (NDLR: JOFFRE): « Les troupes doivent se faire tuer sur place plutôt que de reculer ».

 Le 83me s’y conformera strictement. Il arrêtera net, près de Sompuis (Voir carte ci-dessus), la marche victorieuse des Allemands. Il tiendra sur les positions qui lui ont été assignées jusqu’au moment où il n’aura plus une seule cartouche, il ne se repliera que lorsque, par sa résistance opiniâtre, il aura permis à d’autres Corps de se former derrière son mince, mais impénétrable rideau et de déboucher pour forcer la Victoire. Il n’abandonnera sur le terrain aucun de ses nombreux blessés.

Puis pressé d’avoir un rôle moins ingrat que celui qui lui était d’abord attribué, il se lancera tête baissée à la poursuite de l’ennemi qui le fuit, ne connaissant ni repos, ni trêve, fier de l’honneur qui lui sera fait d’être placé à l’Avant-Garde, traversant à la course les rives fraîches et verdoyantes de la Marne, les coteaux crayeux de la Champagne pouilleuse (où, sur la blancheur du sol, dans la chaleur torride de l’été se dressent de loin en loin, comme des oasis, de maigres bosquets d’arbres), arrivant hors d’haleine devant Perthes-lès-Hurlus et trouvant là, dans un ressaut d’énergie, le moyen de contenir, d’inquiéter, puis de vaincre un ennemi qui s’est promptement ressaisi.

Le 8 septembre, le 17e Corps d’Armée doit s’emparer de Sompuis. Le 83e Régiment d’Infanterie fait partie d’un détachement opérant à la gauche de ce Corps. Sa mission est de déborder le village par le Sud-Ouest. Un peu après minuit, le mouvement débordant est en voie d’exécution quand arrive une estafette du 21e Corps d’Armée assignant au détachement comme nouvelle mission de tenir les hauteurs en arrière par où une partie du 12e Corps d’Armée et le 7e Corps d’Armée tout entier doivent entrer en action. L’intervention de ces éléments est escomptée pour 10 heures. A cheval sur une route et déployé au pied d’une croupe, une partie du Régiment s’efface à la lisière d’un bois subitement occupé par les Allemands. Les mitrailleuses ennemies ouvrent le feu et les 77 tombent dru sur nos lignes. Pas d’abris, aucun couvert. Nos positions sont dans une cuvette où les obus fument, où les balles sifflent. Les pertes sont lourdes, blottis dans des trous hâtivement creusés les tirailleurs du 83me ripostent par un feu nourri dirigé sur le bois. Les munitions s’épuisent et de l’arrière, malgré les demandes fréquentes, il n’en vient point. Sur la gauche, sur la droite, par les cornes du Bois l’ennemi s’infiltre profitant des espaces laissés vides faute de combattants. Le péril est grand ; toutes les cartouches sont maintenant brûlées. Mais il est 10 heures. Les Avant-Gardes du 12e et du 7e Corps d’Armée apparaissent en arrière sur les crêtes.

La mission du Régiment est terminée. Alors ramassant ses blessés et couvrant sa retraite par la menace de ses baïonnettes, le 83me s’évade de l’étreinte que l’ennemi resserre autour de lui, gravit les pentes, arrive à temps au sommet pour voir à ses pieds l’adversaire décimé par le feu de notre artillerie enfin déclenché.”

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