Episode 21 – Jacques SABATTE – 28 mars 1918

Biographie
Jacques SABATE est né à Bordeaux le 16 septembre 1883.
Ses parents, Jean Sabaté , né le 8 juillet 1852 à Morlanne (Maison Cayaa), employé, demeurant rue Leyrat à bordeaux et Ursule Vazieu, née le 15 mai 1856 à Cenon, lingère se sont mariés le 2 juin 1881 à Bordeaux.
Jean Sabaté est le fils aîné d’une fratrie de 5 enfants nés à Morlanne (Maison Cayaa puis maison Brossé). Ses parents André Sabaté et Marie Garnosset sont en 1881 cultivateur à Mérignac (fermier, métayer ?).
Pour l’instant, il n’y a pas d’éléments sur une éventuelle fratrie de Jacques…
Sur le livret matricule, lors du conseil de révision, Jacques réside à Hagétaubin, est cultivateur, ses
parents sont décédés…
Il est déclaré habiter, le 17 janvier 1914 à Arthez de Béarn, chez Mr Audebaron.
Il a, d’ailleurs,également été inscrit sur le monument aux morts d’Arthez après la guerre…
Il s’est marié le 26 octobre 1910 à Hagétaubin avec Marie-Jeanne DAUGENNE native d’Arthez et
domiciliée à Casteide Candau. Incorporé le 15 novembre 1904 au 18eRI de Pau. Clairon le 25 septembre 1905. Il est envoyé dans la
disponibilité le 13 juillet 1907. Certificat de bonne conduite accordé.
Il accomplit 2 périodes d’exercice du 27 août au 8 septembre 1910 et du 27 mars au 12 avril 1913.
Rappelé à la mobilisation générale du 2 août 1914, il est arrivé au corps, le 18e Régiment d’Infanterie le 4 et parti aux armées le 11 août.
La devise, l’insigne et les inscriptions sur l’emblème du 18eRI se trouvent également dans l’article sur Pierre POPULUS (Article 20).
Disparu le 28 mars 1918 à Rubescourt (Oise), avis ministériel n° 543 du 8 mai 1918.
Un secours immédiat de 150 Francs a été payé à son épouse le 14 octobre 1918.
Il est déclaré décédé le 28 mars 1918 par jugement du Tribunal d’Orthez en date du 24 mars 1922.
Contexte et circonstance de sa mort
La mort de Jacques SABATTE s’inscrit dans le cadre de l’offensive du Printemps lancée par les forces
allemandes

L’offensive du Printemps, également connue sous les noms de bataille du Kaiser (en allemand :
Kaiserschlacht) ou offensive Ludendorff , est un terme utilisé pour faire référence aux séries
d’attaques allemandes sur le front occidental du 21 mars au 18 juillet 1918 durant la Première Guerre mondiale.
Les Allemands s’étaient rendu compte que leur seule chance de gagner la guerre était d’anéantir
les Alliés avant que les États-Unis ne puissent déployer suffisamment de troupes en Europe pour
vaincre l’Allemagne. Cinquante divisions allemandes avaient pu être redéployées sur le front occidental après la signature du traité de Brest-Litovsk avec la jeune Russie soviétique.
Plusieurs opérations allemandes furent mises au point : Michael (au cours de laquelle mourra
Jacques SABATTE) , Georgette, Gneisenau (Célestin Larrisson qui fera l’objet du prochain l’article y
perdra la vie) et Blücher-Yorck.
Michael constituait la principale attaque, qui était destinée à percer les lignes alliées, déborder les
forces britanniques de la Somme à la Manche et bloquer les ports maritimes. Une fois que cela aurait été réalisé, on espérait que les Français chercheraient des conditions d’armistice. Les autres offensives étaient subordonnées à Michael et ont été conçues pour détourner les forces alliées de l’offensive principale sur la Somme.
Lors de l’opération Mickaël, Ludendorff décide ainsi d’engager toutes ses forces disponibles dans une offensive de grande envergure consistant à tenter une percée en profondeur au niveau de la Somme afin de séparer les troupes britanniques situées au Nord des troupes françaises situées au Sud pour ensuite effectuer un double mouvement avec une opération d’encerclement des troupes
britanniques dans les Flandres et une progression vers Paris.
L’opération “Michael” est lancée le 21 mars 1918 : durant plusieurs heures, les Allemands se livrent
à un violent bombardement des tranchées alliées, utilisant notamment de nombreux gaz pour
paralyser l’adversaire (gaz moutarde, chlore, phosgène et lacrymogène). Les troupes d’assaut
allemandes (en particulier les « Sturmtruppen », troupe d’élite…) sortent ensuite de leurs tranchées,
traversent le “no man’s land” et commencent à traverser les positions alliées. Les troupes
britanniques situées au centre du front (région de Saint-Quentin), commandées par le général
Gough, sont obligées de battre en retraite et les Allemands ont réussi à ouvrir la brèche tant espérée.
La journée du 21 mars fut incontestablement une importante victoire allemande : les lignes de
défense alliées cèdent sur l’ensemble du front et le danger d’une séparation des armées françaises et britanniques se précise.

La carte suivante montre la progression allemande entre le 21 mars et début avril.

Après le 21, le général Foch engage ses réserves pour colmater la bèche. C’est ainsi que la 36 e
Division d’Infanterie constituée essentiellement de régiments du Sud Ouest (dont le 18eRI de Pau)
sera engagée à partir des 27 et 28 mars.
Cet extrait de l’histoire du 18e RI illustre l’engagement du 18eRI et surtout la journée du 28 mars, jour de la mort de Jacques SABATTE
site: tableaudhonneur.free.fr/18erIIl (le 18eRI…) s’attend à prendre bientôt part à la bataille qui s’y livre sur le front anglais.
Le 23 mars 1918, ordre d’alerte qui ne surprend personne et embarquement le 26 à Grigny-aux-
Bois. Long voyage en contournant Paris et débarquement à Chevrières, au sud-ouest de Compiègne, où des automobiles transportent le régiment à Assainvillers.
On apprend en cours de route que cette localité est prise par les Allemands et c’est à Montgérail—Tricot que le 18e R. I. débarque.
L’exode des habitants fuyant l’invasion avec leurs voitures chargées de meubles rappelle les tristes
spectacles de 1914. Tricot est désert. Mauvaises nouvelles : Montdidier est pris, l’ennemi avance
rapidement après s’être emparé de Noyon.
Le régiment doit s’installer en position défensive sur la ligne Domfront—Rubescourt, face à
Montdidier.
Le bataillon MALLET, le seul qui soit entièrement arrivé, occupe cette position sans difficulté ; des
reconnaissances sont poussées en avant. A 9 h30, de fortes avant-gardes allemandes sortent de
Montdidier ; elles croient avoir le champ libre devant elles et leur progression est rapide.
Une section de mitrailleuses et de 75 leur montre bientôt que les Français sont là et les oblige au
repli vers la ville. A 13 heures, l’ordre d’attaque parvient au régiment.
A ce moment le bataillon MALLET s’organise et le bataillon ROBERT commence à arriver. Un bataillon du 49e R. I (Régiment d’Infanterie de Bayonne). qui doit coopérer à l’opération n’est pas encore en vue. On ne peut pas l’attendre ; l’ordre de marcher est formel. Malgré la fatigue d’un long voyage et d’une nuit sans sommeil, le bataillon donne un assaut magnifique dont l’élan le porte par endroits à 3 kilomètres.
Le sous-lieutenant ROUSTAN est blessé en arrivant sur le dernier objectif, mais il refuse de se laisser
évacuer. « Ce que nos hommes viennent de faire, dit-il, est trop beau ; je ne dois pas les quitter. » Il
reste à son poste. La progression devient pénible devant Montdidier ; on se trouve maintenant sur
un véritable glacis balayé par les mitrailleuses. Les pertes sont lourdes.
Le commandant MALLET, puis le capitaine adjudant-major GÉLIOT et plusieurs autres officiers sont blessés. Le capitaine CIRCAN est tué. Le capitaine ÉLICHONDO prend le commandement du bataillon.
Malgré l’aide des canons de 37, l’avance est lente et coûteuse. Le bataillon du 49e R. I. qui vient
d’arriver ne peut plus progresser.
A la nuit, on s’installe sur place en creusant des retranchements. Les hommes sont exténués. Les 9e et 10e compagnies viennent renforcer la ligne que les débris du 1er bataillon ne suffisent plus à
tenir. Le 29, à 8 heures, ordre de reprendre l’attaque. Les mitrailleuses de Montdidier arrosent
toujours le terrain ; ce n’est qu’au prix de grandes pertes qu’on parvient à gagner quelques mètres
pendant la journée”.

Rubescourt, lieu du décès de Jacques SABATTE

Jacques SABATTE est inhumé dans la nécropole nationale de Dompierre, dans l’Oise. Sa tombe
porte le numéro 472

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