Episode 20 – Pierre POPULUS

Pierre POPULUS – 3 juin 1917

Biographie

Le père de Pierre, Pamphyle Populus est un enfant trouvé à Loubieng, maison Lapouble, le 1er juin 1853. Il est élève à l’Hospice d’Orthez. Le 17 février 1876, majeur et domicilié à Balansun, il épouse à Mesplède Marie Cassaroumé avec qui il aura 2 enfants: Populus Pamphyle Jean Baptiste né le né le 24 novembre 1876 (Livret militaire) et Marie Populus, née le 3 novembre 1878.

Marie Cassaroumé décède le 9 janvier 1880, maison d’Augé à Mesplède. Pamphyle Populus se remarie, le 24 novembre 1885 à Argagnon, avec Jeanne Ambroise, née à Argagnon le 3 janvier 1862. De cette union naîtront 8 enfants, tous dans la maison Bouyrie:

– Henri né le 31 août 1886, décédé à Orthez le 26 décembre 1974 (Livret militaire)

-Marie Louise née le 7 janvier 1889, décédée le 31 du même mois

-Marie Louise, née le 23 novembre 1889, marié à Eysines (33) le 15 janvier 1912, avec Barraté Arramon Pierre

-Maria, née le 25 juillet 1792, mariée le 24 octobre 1910 avec Jean Gouaillardet…

-Firmin, né le 24 avril 1895, marié le 9 juillet 1920 à Hagétaubin avec  LUBET Jeanne, décédé le 26 juillet 1959 à Bonnut. Livret militaire

-Pierre, né le 31 décembre 1897…….

-Ulysse, né le 14 avril 1900, marié à Hagétaubin  le 20 novembre 1923 avec Marie Magdeleine Hadan, décédé le 10 octobre 1985 à Arthez.

-Angèle Louise, née le 8 novembre 1901, marié à Hagétaubin le 21 avril 1924 avec Pierre Lalanne et décédée le 20 février 1986 à Sartrouville (78)

Pierre POPULUS est incorporé le 8 janvier 1916,  au 12eRI. Classe 1917 appelée en 1916…. Passé au 18e RI le 9 septembre 1916.

Disparu le 3 juin 1917 à Craonnelle (Chemin des Dames); avis ministériel du 29 juillet 1917. Déclaré décédé le 3 juin 1917 par jugement du tribunal d’Orthez en date du 16 novembre 1921.

Un secours immédiat de 150 Frcs a été payé le 19 décembre 1917 à Monsieur Populus, demeurant à Hagétaubin, frère du décédé.

Contexte et circonstances de la mort

 Dans l’histoire de la Première Guerre mondiale la mort de Pierre POPULUS intervient durant l’événement qui a été appelé, selon les auteurs,  offensive Nivelle, seconde bataille de l’Aisne ou bataille du Chemin des Dames d’avril à juin 1917.

Cette offensive imaginée et dirigée par le général Nivelle  est un cruel échec pour les armées françaises : alors que Nivelle pensait que l’avancée serait foudroyante, Laon (située à une quinzaine de kilomètres à vol d’oiseau) devant être atteinte en fin de journée, le front allemand est à peine entamé.

Pendant de nombreux mois, les armées allemandes et françaises se disputent le plateau.

Le bilan de l’offensive est difficile à établir. Les pertes françaises ont été souvent sous-évaluées en ne s’intéressant qu’aux pertes subies entre le 16 et 29 avril. Or, les combats se poursuivent jusque fin juin (prise de Craonne le 4 mai, prise de la caverne du Dragon le 25 juin). Il convient alors de regarder les pertes sur les mois d’avril, mai et juin.

Lors des comités secrets réunissant les députés du 29 juin au 7 juillet, le député Favre estime les pertes à près de 200 000 hommes côté français au bout de deux mois d’offensives.  Quant aux pertes allemandes, elles sont encore plus difficiles à évaluer. Cependant la situation n’est pas meilleure…

C’est après cette grande tuerie que se développèrent dans l’armée française des mutineries, particulièrement fréquentes après le 16 avril 1917, et concentrées essentiellement sur le Chemin des Dames et le front de ChampagneLa Chanson de Craonne (Voir les paroles dans l’article sur Julien LABERDESQUE), dont le nom fut donné lors des mutineries de 1917 (la musique était reprise d’une chanson d’avant la guerre), à la suite des pertes militaires, fait partie des répertoires antimilitariste et anarchiste, elle fut absente des ondes jusqu’en 1976..

Insigne du régiment

Inscriptions sur l’emblème

Rivoli 1797

Austerlitz 1805

La Moskowa 1812

Sébastopol 1855

Les deux-Morins1914
L’Aisne 1917

L’Avre 1918

Vauxaillon 1918

AFN 1952-1962

Devise du régiment

« Brave 18e, devant toi, l’ennemi ne tient pas »

La 36e Division d’Infanterie dont fait partie le 18e Régiment d’infanterie de Pierre POPULUS a activement participé à cet événement.

   Après Douaumont et la Somme, le 18eRI revient au Chemin des Dames au printemps 1917 pour participer à l’offensive Nivelle (secteur d’Oulches, Vassogne) et il participe début mai à la meurtrière reprise du plateau de Californie.

Le 27 mai 1917, alors qu’il est au repos à Villers-sur-Fère, près de Fère-en-Tardenois, le régiment apprend qu’il doit remonter au Chemin des Dames.

 Des actions collectives de désobéissance se produisent alors qui s’intègrent dans le phénomène des mutineries.

Le récit de cet événement

Le 27 mai donc,   à Villers-sur-Fère, après le refus de la troupe de retourner auChemin des Dames, trente gendarmes sont dépêchés dans la commune, le lendemain 130 arrestations sont opérées au sein du régiment.

 Douze soldats sont déférés devant le conseil de guerre de la division. Quatorze sont affectés dans les sections spéciales d’infanterie au terme de soixante jours de prison. Trente-sept autres soldats sont punis de soixante jours de détention et soixante-sept à trente jours de prison.

 Le conseil de guerre prononce cinq condamnations à mort . Sur cinq, un homme est gracié par le président de la république, trois hommes sont fusillés, dont Jean-Louis LASPLACETTES, Casimir CANEL et Alphonse DIDIER. Le caporal Vincent MOULIA ( originaire de Nassiet dans les Landes, sa vie a été relatée dans de nombreux articles dans La république des Pyrénées et Sud Ouest), parvient à s’évader la veille de l’exécution, favorisé dans son entreprise par le hasard d’un bombardement allemand sur le secteur de la ferme de Matz

Après cet épisode, le 18eRI repart au combat et participe du 3 au 5 juin à la défense du plateau de Vauclerc à la suite d’une attaque allemande d’envergure.

L’extrait suivant est tiré  de l’historique du 18eRI (Source: tableaudhonneur.free.fr/18eRI)

“Les bataillons MASSON et ROBERT viennent prendre position sur le plateau de Vauclerc déjà connu du 18e R. I.

 Le 2 juin, à 5 heures, l’ennemi commence le bombardement violent de nos lignes ; ses obus pleuvent toute la journée, faisant disparaître les boyaux que nous avions ébauchés. Nous ne disposons comme abris que des sapes allemandes conquises les 16 avril et 5 mai ; elles ont été très abîmées par l’artillerie française et restaurées depuis de façon très sommaire. L’ennemi pouvant en apercevoir les entrées, ses tirs sont très précis. Quelques sapes s’effondrent, ensevelissant les occupants.

 La nuit n’amène qu’un léger ralentissement du bombardement. Le 3, dès 2 heures, le plateau disparaît sous la fumée et la poussière occasionnées par les nombreux projectiles. Vers 3 heures, les troupes allemandes, précédées de lance-flammes, se précipitent à l’assaut. Elles refluent bientôt en désordre sous nos feux. Trois autres tentatives subissent le même sort ; l’ennemi ne réussit pas à prendre pied sur le plateau devant notre front.

 A la droite du bataillon MASSON, l’adversaire plus heureux déborde la droite du régiment, le bataillon de chasseurs qui s’y trouvait ayant été refoulé jusqu’au bord sud du plateau de Californie. Le commandant MASSON fait placer sa compagnie de réserve face à droite dans les trous formés par le repli de nos voisins ; cette manœuvre permet aux chasseurs de monter une contre-attaque qui rétablit dans l’après-midi la situation d’ensemble sur le plateau”.

Un récit du lieutenant DONZEAU illustre la situation dramatique des combattants.:« Le 3 juin 1917, ma section de mitrailleuses était abritée dans une ancienne sape allemande servant aussi de poste de commandement au lieutenant BORDENAVE, commandant la 7e compagnie ; elle contenait en outre 4 coureurs et une trentaine d’hommes installés dans deux galeries bien étayées.

« Le bombardement de l’ennemi, devenu très violent, l’était tout particulièrement sur notre abri dont les deux entrées étaient vues des crêtes de Bouconville.

« De forts ébranlements secouaient furieusement les cadres et la sape vibrait comme une cage métallique. Instinctivement nos regards se portaient au plafond.

« Sur un coup plus fort, la bougie vacilla ; une forte odeur de poudre se répandit rendant l’air suffocant. Le martèlement continuait, et nous attendions, angoissés, le dénouement d’une situation déjà vécue par plusieurs d’entre nous.

« Brusquement, les deux entrées cédèrent. Ce fut un éboulement de terre, de pierres, de pièces de bois et nous fûmes plongés dans l’obscurité la plus complète. De toutes les poitrines jaillit un cri d’horreur, puis ce fut le grand silence.

« La bougie est rallumée, je vois des figures crispées, anxieuses.

« Vite aux entrées ! » Chacun se précipite avec un outil pour dégager les escaliers. Peines perdues, les déflagrations rejettent au fond de la sape les hommes sur qui tombent pierres et poutres. Le clairon de la 6e est recouvert par une avalanche de terre, écrasé entre deux cadres. On le dégage, mais c’est en vain que le brancardier POUSTIS lui donne des soins. Le mort est étendu au fond de la sape.

 « Par équipes, on s’efforce de dégager les entrées. L’air devient lourd, la poussière nous suffoque et c’est toujours l’horrible martèlement qui de plus en plus nous mure dans notre tombeau.

 « De l’air, il faut de l’air à tout prix. Les oreilles bourdonnent, certains, à demi ensevelis, sont évanouis ; d’autres, plus vigoureux, sondent les parois avec une longue perche. J’encourage ces braves gens et tout à coup une lueur indécise éclaire l’escalier, le mur de la prison est traversé.

 « Le trou est agrandi ; une bouffée d’air pur pénètre dans la sape nous ranimant tous. « Les moribonds commencent à se mouvoir, tous les yeux se portent sur cette lumière, sur ce coin d’un ciel qu’on n’espérait plus revoir.

« Cependant, l’ouverture est encore élargie ; il est possible maintenant de communiquer avec l’extérieur. Les moins faibles s’offrent pour porter un billet au commandant : c’est le lieutenant LARTIGAU qui se charge de cette mission, il se glisse entre les cadres et les poutres enchevêtrées et disparaît dans la lumière. Le bombardement est toujours violent sur le plateau de Californie, mais les Allemands nous croient écrasés et ne tirent plus sur notre abri. Je fais sortir les plus  malades, le caporal REUFET, les soldats POUCHAN et MONTAUDON et suis obligé d’interdire l’entrée de l’escalier à tous ceux qui étaient tentés d’abandonner la sape et la tentation était bien forte.

 « La nuit vint ; des travailleurs, parfois dispersés par des rafales, se mirent à l’ouvrage ; quelques heures plus tard, la sape était réparée.

« Vers 2 heures, tout le plateau était encore en feu. Les Allemands attaquaient. Quelle joie ! Nous allions pouvoir sortir. Le lieutenant BORDENAVE passa le premier avec sa liaison, un obus les faucha. « Dehors, à mon tour, j’emmenai ma section vers les parapets sur lesquels dans le jour qui pointait nous apercevions les grenadiers qui repoussaient l’Allemand du saillant nord-est. Nous respirions avidement cet air mêlé de poudre d’un matin de victoire. »

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L’historien Rémy Cazals a recensé les pertes du 18e RI durant la guerre. Pour la période du printemps 1917, les chiffres sont les suivants:

  •  avril: 44
  •  mai: 301
  • juin:163

  Source:” Les morts du 18eRI “; crid1418.org/espace_scientifique/textes/morts18e


Une plaque a été apposée en 1927 en l’honneur du 18e Régiment d’Infanterie sur un ancien blockhaus allemand qui défendait l’accès au plateau de Californie en mai 1917.

Texte du monument :A la gloire du 18e RI de Pau (Béarn-Pays Basque-Gascogne)
Régiment d’élite, chargé d’enlever le Plateau de Craonne, position jugée inexpugnable, l’a pris d’assaut dans un élan superbe (Citation à l’armée 4-5 mai 1917)


Un monument dit « monument des Basques » a été élevé en 1928 au-dessus du village de Craonnelle en hommage aux régiments de la 36e Division d’infanterie dont fait partie le 18e Régiment d’infanterie

En bordure de la D18, 
entre Craonnelle et Oulches-La Vallée Foulon
02160 CRAONNELLE

Ce monument érigé à la mémoire des combattants de la 36ème Division d’Infanterie se situe à proximité de la Ferme d’Hurtebise en direction de Craonnelle.

Inauguré le 30 septembre 1928, ce monument se singularise par l’absence de référence guerrière. Au premier plan, un paysan basque (et non un poilu) en costume traditionnel coiffé d’un béret et tourné vers le « pays », tournant le dos au champ de bataille. Pour rappeler que derrière chaque soldat sacrifié, il y avait, avant tout, un homme.

L´obélisque, entièrement composée en pierre de Souppes (à proximité de Melun) et haut de 14 mètres, est orné de couronnes de lauriers renfermant le nom des départements engagés (Hautes Pyrénées, Landes, Basses Pyrénées) :

  • le 12ème Régiment d’Infanterie de Tarbes, 
  • le 14ème Régiment d’Artillerie de Tarbes, 
  • le 34ème Régiment d’Infanterie de Mont de Marsan,
  • le 18ème Régiment d’Infanterie de Pau, 
  • le 218ème Régiment d’Infanterie de Pau, 
  • le 49ème Régiment d’Infantrie de Bayonne, 
  • le 249ème Régiment d’Infanterie de Bayonne

Le monogramme de la 36e Division d´Infanterie occupe les faces latérales.  Un casque militaire, sur la face nord surmonte la liste des batailles auxquelles a participé la 36e D. I., les noms des généraux ainsi que la date d’inauguration de l’édifice : « A la gloire de la 36e Division d´Inf. / A toutes les batailles de la guerre de 14-18 / Charleroi – Guise / Marne – Craonne / Août 1914 – Avril 1916 / Verdun – Argonne / Somme 1916 / Craonne – Alsace / Champagne – 1917 / Montdidier – Courcelles / Chemin des Dames / Laonnois – 1918 / En mémoire des combats / qu´elle livra sur ce plateau / Craonne – Vauclerc / Hurtebise – (septembre 1914) / Les Creutes (25 janvier 1915) : Craonne – Californie / Mai – juin 1917 / Ce monument / élevé par souscription publique sur / l´initiative des Anciens Combattants / de la 36e Division / Inauguré / le 30 septembre 1928 / sous la présidence du / Général Mittelhauser ». « La 63e DI fut commandée par / Général Jouanic 1914 ; Général Paquette 1916-1917 / Général Bertin 1914 ; Général Mittelhauser 1918 / Général Lestoquois 1915 ».

Le monument d’une région

Le projet voit le jour en mai 1926 grâce aux souscriptions publiques, aux subventions versées par les conseils généraux des Landes, des Basses et Hautes Pyrénées, par les communes du Sud Ouest (Mont-de-Marsan, Pau, Tarbes, Bayonne, Biarritz, Dax). Les quêtes organisées dans les kermesses du sud-ouest permirent de compléter cet apport financier, l´argent étant rassemblé par l’Association des Anciens Combattants de la 36e Division d’Infanterie. La création de l’édifice fit donc l’objet d’un investissement de toute une région. Un concours fut lancé auprès des anciens combattants artisans, remporté par l’architecte Mathieu Forest et le sculpteur Claude Grange. 
 

Sources :
La Lettre du Chemin des Dames n°28

http://inventaire.hautsdefrance.fr

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